Comme ce gros oiseau qui
a nom « autruche », qui, tant qu’il a la tête cachée et ne voit pas
son ennemi, pense qu’il n’est pas vu de lui, vous vous êtes imaginé, sans
doute, qu’on ne saurait vous découvrir à travers le voile de la dissimulation
sous lequel vous avez voulu vous cacher.
D’abord, sans être grands
clercs, laissez-nous vous dire de suite que Sarah B. est une femme ou une
jeune fille, et non un vulgaire boto de pousse-pousse, car nous savons lire entre
les lignes. Sans quoi nous ne lui ferions pas l’honneur d’une réponse, n’ayant
pas l’habitude par dignité de nous commettre avec des gens de cette espèce.
Mais nous avons su vous
connaître au goût raffiné de vos aperçus artistiques, à la façon élégante de
votre charmant style.
Votre critique serait
charmante si elle n’était pas si cruelle… C’est à se demander si tant de fiel
peut entrer dans l’âme d’une femme. Vous avez mal compris, Sarah B., le
but que nous nous sommes proposé en organisant cette soirée ; car,
vraiment, vous auriez été plus indulgente, plus clémente. Sans avoir la sotte
prétention que vous voulez attribuer de nous poser en acteurs dramatiques ou
lyriques, nous avons travaillé dans un but tout à fait patriotique et
fraternel, et le haut patronage sous lequel nous avons organisé cette fête,
nous est le garant de nos bonnes intentions. – Vous êtes trop Parisienne pour
pouvoir apprécier les amusements coloniaux et votre jugement est trop exclusif.
– Il faut espérer qu’une autre fois vous ne pousserez pas ce cri de
découragement qui ne convient pas à un cœur de Française, et saurez mieux
étudier la situation avant de vous servir de l’arme dangereuse de l’épigramme.
Ne cherchez pas à vouloir paraître plus méchante que vous ne l’êtes.
Les plus humbles de vos
dévoués serviteurs.
Les deux organisateurs
de la Soirée franco-malgache
du 8 août 1915,
de Rosin et Nagès.
N. D. L. R.
– Les signataires de cette réponse ont tort de se fâcher, notre charmante
collaboratrice, puisque collaboratrice il y a, a simplement voulu très
amicalement leur donner un bon conseil.
Personnellement ils sont
hors de cause, à quoi bon dès lors engager une polémique qui ne pourrait que
faire bâiller nos lecteurs.
La Dépêche malgache
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