On s’amuse ou l’on
s’indigne – selon son tempérament – des chinoiseries administratives ou autres
dont tout contribuable ou justiciable est victime en France.
Il n’en va pas autrement,
hélas ! dans nos possessions.
Un colon français de
Madagascar se voyait récemment convoqué d’urgence par le chef d’une province
voisine, agissant en qualité de juge d’instruction, pour venir déposer, comme
témoin, dans une affaire civile.
Notre colon, respectueux
de la loi et de ses représentants, rassemble ses bourjanes, fait astiquer son
filanzane et se met en route ; soit une journée de voyage, deux journées
de séjour hors de chez lui, une journée pour le retour ; au total, quatre
jours d’absence.
Avant de réintégrer ses
pénates, notre compatriote va trouver le greffier et lui demande de taxer ses
frais.
— C’est huit francs
par jour, lui dit le greffier.
— Comment, huit
francs, mais mon voisin, qui s’est déplacé l’année dernière dans les mêmes
conditions que moi, a touché douze francs !
— Oui, mais il a
témoigné dans une affaire « criminelle », tandis que vous n’avez été
témoin que dans une simple affaire « civile » ; le tarif de
déplacement est différent.
— Fort bien, répond
notre colon ; alors je vais demander à l’administration de faire prendre
d’urgence un arrêté fixant des tarifs différents pour les bateliers et les
porteurs suivant qu’ils auront affaire à des témoins au civil ou au criminel.
Le chef de la province a
sans doute jugé prudent de ne pas soumettre au chef de la colonie un vœu aussi
subversif, et le criminel continuera à rapporter 4 francs de plus par jour
aux témoins que le civil. Mais nos lecteurs estimeront certainement avec nous
que cette inégalité est choquante et qu’il importe de la faire disparaître au
plus vite.
Le courrier de Madagascar n’a pas de
chance
On se souvient que le
précédent départ du courrier de Madagascar et de la Réunion a été retardé par
la grève des mécaniciens.
Le Djemnah, qui devait prendre la mer hier, n’a également pas pu
partir, mais pour une autre cause.
Un incendie, dont on
ignore l’origine, a éclaté à son bord, si bien qu’il ne pourra se mettre en
route que lundi.
Vraiment nos compatriotes
de Madagascar et de Bourbon sont bien malchanceux.
Le Courrier colonial
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