Nous avons déjà parlé des
déboires des petits colons livrés dans la brousse aux exactions des chefs de
village, qui font ou laissent détruire les récoltes de nos compatriotes, qui
leur suppriment toute main-d’œuvre, etc. Il nous faut montrer aujourd’hui
comment les gros propriétaires indigènes, puissants par le souvenir de leur
haute situation sociale d’antan ou même les fonctions qui leur sont
actuellement confiées par l’administration française, en abusent pour se
réserver une main-d’œuvre qui se fait de plus en plus rare pour le colon
européen.
La plupart pratiquent
l’usure, et obligent leurs débiteurs à travailler pour se libérer ;
seulement comme les intérêts grossissent rapidement, la libération tarde à
venir. En réalité, c’est sous une forme détournée, le régime de l’esclavage qui
se perpétue.
Il est certain que si le
colon européen usait de pareils procédés, il ne tarderait pas à tomber sous le
coup de la loi. Pour l’indigène, l’autorité ferme les yeux, sous prétexte qu’il
faut respecter les usages locaux !
Cependant, quand ces
usages tendent à maintenir des pratiques abusives que nous avons cru devoir
abolir, quand ils portent une atteinte directe aux progrès de la colonisation,
il est impossible de les tolérer.
Européens et Indigènes
À Madagascar, le respect
de l’Européen va s’affaiblissant de jour en jour et les colons se voient de
plus en plus traités avec une cavalière désinvolture par nos sujets.
Un confrère de Madagascar
cite à ce sujet plusieurs faits caractéristiques.
Cependant, qui donc a
enseigné à l’indigène à tirer parti des ressources de son sol, qui lui en a
fourni les moyens, qui lui a trouvé des débouchés pour les écouler, qui ?
si ce n’est l’Européen ?
Triste constatation :
ceux qui manquent à la plus élémentaire déférence sont précisément ceux-là
mêmes qui nous doivent le plus. Nous voulons parler de ces indigènes que nous
avons instruits, de ceux dont nous avons eu la naïveté de faire des employés et
pour qui la civilisation consiste surtout dans la blancheur des vêtements.
Le Courrier colonial
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