18 avril 2014

Il y a 100 ans : L’esclavage indigène à Madagascar

Nous avons déjà parlé des déboires des petits colons livrés dans la brousse aux exactions des chefs de village, qui font ou laissent détruire les récoltes de nos compatriotes, qui leur suppriment toute main-d’œuvre, etc. Il nous faut montrer aujourd’hui comment les gros propriétaires indigènes, puissants par le souvenir de leur haute situation sociale d’antan ou même les fonctions qui leur sont actuellement confiées par l’administration française, en abusent pour se réserver une main-d’œuvre qui se fait de plus en plus rare pour le colon européen.
La plupart pratiquent l’usure, et obligent leurs débiteurs à travailler pour se libérer ; seulement comme les intérêts grossissent rapidement, la libération tarde à venir. En réalité, c’est sous une forme détournée, le régime de l’esclavage qui se perpétue.
Il est certain que si le colon européen usait de pareils procédés, il ne tarderait pas à tomber sous le coup de la loi. Pour l’indigène, l’autorité ferme les yeux, sous prétexte qu’il faut respecter les usages locaux !
Cependant, quand ces usages tendent à maintenir des pratiques abusives que nous avons cru devoir abolir, quand ils portent une atteinte directe aux progrès de la colonisation, il est impossible de les tolérer.

Européens et Indigènes

À Madagascar, le respect de l’Européen va s’affaiblissant de jour en jour et les colons se voient de plus en plus traités avec une cavalière désinvolture par nos sujets.
Un confrère de Madagascar cite à ce sujet plusieurs faits caractéristiques.
Cependant, qui donc a enseigné à l’indigène à tirer parti des ressources de son sol, qui lui en a fourni les moyens, qui lui a trouvé des débouchés pour les écouler, qui ? si ce n’est l’Européen ?
Triste constatation : ceux qui manquent à la plus élémentaire déférence sont précisément ceux-là mêmes qui nous doivent le plus. Nous voulons parler de ces indigènes que nous avons instruits, de ceux dont nous avons eu la naïveté de faire des employés et pour qui la civilisation consiste surtout dans la blancheur des vêtements.
Le Courrier colonial


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