(Suite.)
Les jésuites ne
n’entêtèrent pas : ils dressèrent dans l’enclos, à côté de la Vierge, un fady semblable à celui d’en face. C’est
cette association de l’Immaculée et du symbole phallique que montre ma
photographie.
Il paraît que la
combinaison a en partie réussi : les pèlerines suivent d’abord le
cérémonial nécessaire pour vaincre la stérilité et la Vierge, de cette dévotion
relative, prend ce qui reste.
Par l’ancienneté de leurs
établissements, l’importance de leurs propriétés, la complaisance excessive de
certains administrateurs, par leur tolérance en matière de dogme et de mœurs,
les jésuites ont acquis sur les habitants une influence considérable. Ils se
considèrent comme des sortes de féodaux et cet état d’esprit explique, si
étonnant qu’ils paraissent, les faits que je vais rapporter.
Ayant besoin de bois pour
construire des ponts, le chef du poste de Fanjakana ordonna, certains jours,
aux indigènes, de couper les arbres dans la forêt. À peine au travail, ils se
trouvèrent en face du Père… (nommons-le X…, pour ne pas nous attirer quelque
fâcheuse affaire), très influent, depuis longtemps à la tête de la mission. Le
chef de poste, informé, étudie la carte et, convaincu que le bois est propriété
domaniale, que la mission ne possède sur lui aucun droit, réitère ses
ordres ; les indigènes se mettent en devoir de les exécuter. De nouveau,
le Père X… se dresse devant eux, injurieux, violent, et, pour les obliger
à cesser le travail, les menace avec un pistolet.
Le chef du district
dépose une plainte contre le jésuite.
Que pensez-vous qu’il
advint ? En France, le doux pasteur eût été poursuivi pour menaces de mort
et au moins pour port d’arme prohibée. À Madagascar règne un régime tout
différent. Le Gouverneur général ne transmit pas la plainte au Parquet, il la
communiqua à – je vous le donne en mille – à
Mgr de Saulnes, jésuite, coadjuteur d’un autre jésuite, l’évêque de
Tananarive, Mgr Cazet.
L’affaire était
soustraite à la juridiction de droit commun ; elle devenait
administrative, inter-administrative, veux-je dire : l’administration du
Gouverneur général passait le dossier à l’administration de la Compagnie de
Jésus.
(À suivre.)
Les Annales coloniales
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