Un télégramme du
Gouverneur général de Madagascar au Ministère des Colonies nous a appris qu’un
violent cyclone vient encore de s’abattre sur la Grande Île, dans la nuit du 2
au 3 mars. La région nord-est, comprenant les districts de l’île Sainte-Marie,
de Maroantsetra, d’Antalaha et de Vohémar, a été particulièrement éprouvée. Un
raz-de-marée a balayé toute la côte au nord de Tamatave.
Les dégâts sont
importants. Dans l’île Sainte-Marie les plantations giroflières sont en partie
détruites. À Maroantsetra, la plupart des édifices sont endommagés, les
casernements de la garde indigène et les bâtiments scolaires ont été renversés,
ainsi qu’un grand nombre de cases. Les lignes télégraphiques sont coupées et
les communications par route sont momentanément interrompues.
À Antalaha, les édifices
publics ont beaucoup souffert, ainsi que les vanilleries en voie de création.
Le long de la côte, les
boutres et les diverses embarcations servant au cabotage ont subi de graves
avaries ; les goëlettes Marsouin
et Jeanne-d’Arc ont sombré ;
leurs équipages ont heureusement pu être sauvés, à l’exception du patron
indigène du Marsouin qui s’est noyé.
Seize indigènes ont
disparu, emportés par l’inondation, mais on ne signale jusqu’ici aucun accident
parmi les Européens.
L’administration a pris
d’urgence les mesures nécessaires pour parer au plus pressé.
Cette fréquence des
cyclones dans la Grande Île devient vraiment inquiétante. Il y a cinquante ans
seulement, ce fléau y était presque inconnu ; depuis quelques années, leur
retour semble périodique et il y en a même parfois plusieurs par an. Le régime
météorologique de la mer des Indes s’est évidemment modifié ; c’est donc
une situation nouvelle dont il faudra tenir compte pour l’avenir.
D’après les indications
de la dépêche de M. Picquié, c’est la courbe du cyclone qui a dû toucher
Madagascar dans sa progression du N.-E. au S.-O. ; il est à craindre dans
ces conditions que la seconde branche de la trajectoire, du N.-O. au S.-E., se
soit dirigée sur la Réunion et Maurice, où elle a pu toutefois arriver dans sa
période de décroissance, surtout si le météore était d’un diamètre réduit.
Le Courrier colonial
L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire