Il ne suffisait pas, à
l’administration actuelle de Madagascar, d’avoir établi un Concordat pour ce
pays où aucun lien légal n’avait jamais existé entre les Églises et
l’État : elle reconnaît la Congrégation des jésuites.
Vous imaginez que
j’exagère ? Écoutez cette véridique histoire qui se passe à Fanjakana,
chef-lieu de poste administratif dans la province de Fianarantsoa.
La mission des fils de
Loyola s’est toujours occupée, avec prédilection, du statut éternel des
Betsileos. Ce sont de si bonnes gens, des êtres si laborieux et si
dociles ! Des tempéraments de choix pour des ouailles.
Leur ardeur à cultiver
les rizières est une bénédiction pour la mission très intéressée aux biens de
la terre ; une soumission de chiens fidèles met ces indigènes à la
discrétion des Pères. Pourvu que leurs catéchumènes entretiennent congrûment
les temples et leurs pasteurs, pourvu qu’ils soient assidus aux offices, les
révérends ne se montrent point trop chatouilleux sur le dogme. Convaincus, en
quoi ils apparaissent profonds psychologues, que les indigènes ne comprennent
rien de rien à l’Évangile ou à la Bible, qu’ils gardent, au fond de leurs âmes
obscures, des tendresses pour les superstitions ancestrales, ils font bon
ménage avec les superstitions persistantes des convertis.
Je possède une
photographie bien intéressante, parce que révélatrice, de la large tolérance de
certains apôtres de Madagascar.
Dans les environs de
Fianarantsoa, non loin des lieux où nous allons nous arrêter un instant, se
dressait une pierre, sorte de menhir, à laquelle les indigènes attribuaient des
vertus éminentes. Les épouses stériles venaient frôler la pierre plantée par
les ancêtres, et ne tardaient pas à devenir mères.
En face de ce lieu de
pèlerinage, les jésuites élevèrent une statue à la Vierge de Lourdes, vantant
sa puissance et comptant lui amener la clientèle allant à un monument
évidemment diabolique. L’entreprise périclita : quoique chrétiennes et
baptisées, les femmes betsileos continuèrent à apporter leurs vœux à la pierre
bénie, l’oignant de graisse et de miel.
(À suivre.)
Les Annales coloniales
L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
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