(Suite.)
— L’administration
ne redoute-t-elle pas une aggravation de la morbidité, à la suite de
l’envahissement des eaux ?
— Oui, mais pour
parer à ce danger, le service médical va redoubler d’activité, multiplier les
mesures de prophylaxie, distribuer largement les médicaments nécessaires, et
surtout la quinine.
Il faut que la population
malgache sache bien, continue M. Picquié, que nous sommes déterminés à
faire pour elle tout ce qu’il est humainement possible de faire. Nous
n’épargnerons rien en cette occasion pour démontrer une fois de plus à nos
sujets cette vérité que la domination française est pour eux un bienfait, et
qu’elle est disposée à consentir tous les sacrifices financiers, compatibles
avec la bonne gestion des affaires publiques, pour soulager leurs misères.
Les indigènes de la
Grande Île commencent d’ailleurs à se rendre compte que toute notre sollicitude
leur est acquise. En contribuant, comme ils le font depuis plusieurs années, à
l’augmentation de nos excédents de recettes budgétaires, ils savent qu’ils sont
les artisans de leur propre bien-être, s’assurent, comme aujourd’hui, contre
l’adversité, et bénéficient de la contribution qu’ils apportent à notre œuvre
de colonisation.
— Chacun rend
justice ici, Monsieur le gouverneur général, à l’esprit de bienveillance de
l’administration supérieure vis-à-vis des indigènes et d’équité vis-à-vis de
tous.
— J’ai toujours
hautement déclaré, répond M. Picquié, que la bienveillance devait être à
la base de notre action à Madagascar. L’indigène, habitué à se conformer aux
ordres et aux recommandations de l’autorité, se soumet volontiers aux
directions qui lui sont données ; il les met en application avec plus ou moins
de rapidité, suivant ses aptitudes et son tempérament. Il marque plus
d’hésitation dans les régions habitées par les groupements ethniques à
civilisation arriérée, mais il finit toujours, on peut le dire, par obéir.
La bienveillance,
soutenue par une juste et patiente fermeté, doit être aujourd’hui la règle de
conduite de nos administrateurs ; leur tâche est ardue, complexe, la
plupart du temps pénible sous un climat malsain, où il est si facile de se
laisser aller à l’énervement.
(À suivre.)
Le Courrier colonial
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