La lèpre et les lépreux
redevenus d’actualité ! Qui pouvait s’y attendre ? Et c’est cependant
la vérité ! Paris, depuis quelques années, compterait plus de trois cents
lépreux, le nombre en irait toujours croissant, et il en serait de même du
reste de la France. Est-ce une importation de nos colonies ? Est-ce le
résultat du véritable déluge d’étrangers de tous les climats sous lequel nous
sommes à la veille d’être noyés ? Force a été récemment, quoi qu’il en
soit, de se remettre, comme il y a des siècles, à combattre ce fléau renouvelé
du Moyen Âge. À cette heure même, une commission instituée par le Ministère de
l’Intérieur en étudie officiellement les moyens, et l’on n’en lira qu’avec un
intérêt plus vif cette curieuse et émouvante histoire d’une léproserie de
Madagascar dernièrement dévastée par un incendie.
Figurez-vous une
presqu’île, baignée d’un côté par la mer, de l’autre par une large rivière, et
couverte à perte de vue d’une forêt de palmiers et d’eucalyptus. C’était là,
dans ce cadre d’ombrages vierges entourés d’eau, que Mgr Crouzet et l’abbé
Lasne, avec l’encouragement du général Galliéni, et sur l’initiative de
l’administrateur provincial, M. Bénévent, établissaient, en 1892 [sic], une véritable cité destinée à
recueillir la population lépreuse de la colonie. On défrichait d’abord une
inextricable brousse, on abattait des bois entiers, et l’on installait ensuite,
sur leur emplacement devenu libre, le long d’avenues régulières bordées de grands
eucalyptus, six villages de cases en palmier à épaisses toitures de feuillages,
largement distantes les unes des autres. On bâtissait aussi une infirmerie, une
chapelle, une école, un dispensaire, également en palmier et en feuillages,
puis on donnait à chaque famille une case où il y avait des nattes pour y
manger et y dormir, des ustensiles de ménage et trois pierres qui étaient le
foyer. Des Sœurs de Saint-Vincent de Paul s’occupaient du dispensaire, de
l’infirmerie et de l’école, un missionnaire desservait la chapelle, un médecin
militaire dirigeait le service médical, un piroguier logé près de la rivière
passait les allants et venants dans sa pirogue, et la brousse, dans la
campagne, était à qui la cultivait. La léproserie d’Anbatoabo, dans le Faravangana,
était fondée.
(À suivre.)
Le Gaulois
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