17 janvier 2013

Il y a 100 ans : Antsirabe


On nous écrit à la date du 8 janvier :
Il sera peut-être intéressant de signaler, par la voie du Progrès, certaines petites choses qui se passent actuellement :
1° Il y a quelque temps, un M. Robert (celui de la Tribune) de passage à Antsirabe, eut une altercation avec l’indigène faisant fonctions de receveur des automobiles et chef de station ici.
Après l’avoir assez maltraité, parce qu’il n’y avait pas de places disponibles pour lui et un Monsieur l’accompagnant, il finit par faire descendre des indigènes déjà installés dans l’auto et par se mettre à leur place.
Jusqu’à présent, rien à dire, en ce qui me concerne, car je suis, moi-même, d’avis que les indigènes, qui peuvent voyager à prix réduit dans les camions, doivent céder la place aux « Vazaha » en cas d’encombrement.
Mais ce M. de la Tribune fit bien remarquer, devant tout le monde, au receveur des autos, qu’il aurait de ses nouvelles, et il dut, en effet, porter une plainte ou faire une réclamation, car, depuis quelques jours, le receveur des Postes et Télégraphes d’ici, a reçu des ordres pour avoir à faire la police au passage des automobiles ici, et surtout au moment de leur départ.
Antsirabe était déjà réputé pour le cumul des fonctions, mais n’est-ce pas étrange que l’on charge un receveur des postes d’assurer un service d’ordre, quand la Province possède une garde indigène qui fait fonction officiellement de commissaire de police.
Puis, pourquoi ne pas afficher une bonne fois pour toutes, les règlements concernant le transport des voyageurs par les autos. Cela éviterait beaucoup de passe-droits et d’ennuis qu’ont souvent à subir les voyageurs payants, mais qui n’appartiennent pas à un journal gouvernemental ou qui ne sont pas dans les huiles !
2° À l’époque, quand M. Cavie était chargé du transport des courriers postaux, nous recevions nos courriers presque régulièrement. Quelques fois, il y avait quelques heures de retard, mais c’était tout et encore M. Cavie était-il mis à l’amende. Actuellement que nos courriers sont transportés par autos, c’est seulement l’exception quand nous le recevons le soir même. Généralement, c’est le lendemain matin seulement que l’on peut l’avoir et, depuis la saison des pluies, les camions ne nous arrivent que vers onze heures et nous n’avons notre courrier qu’à deux heures de l’après-midi.
Nous étions mieux servis avec le transport des courriers à dos d’hommes. Qu’on le rétablisse, si cela doit marcher si mal !
Nous avons bien fait, il y a un peu plus d’une année, une pétition demandant que le sac des lettres pour Antsirabe soit mis sur la voiture des voyageurs, faisant ressortir que ce sac ne dépassait jamais 50 kilogrammes, et que cela nous permettrait de répondre le soir même, en cas d’urgence, et d’expédier notre réponse par l’auto partant le lendemain.
Le Gouverneur Général nous fit répondre qu’il nous donnait satisfaction, mais cette satisfaction promise n’est plus de rigueur actuellement.
– Depuis le 23 ou le 25 décembre, le courrier est arrivé à Tananarive et les colis postaux ne nous sont pas encore parvenus !! Pourtant, hier, il y a eu une voiture qui est venue à vide de Tananarive, se rendant à Ambositra !
N’aurait-il pas été facile de charger cette voiture avec nos colis postaux au lieu de la laisser circuler à vide ? Du reste, depuis le 25 décembre, il y a eu de Tananarive pour Antsirabe, 4 courriers postaux qui sont arrivés, et nous aurions dû recevoir nos colis, mais je suppose que c’était trop demander au service des Postes de ne pas laisser en souffrance les colis déjà reçus à Tananarive pour le Sud. Le Sud ne compte pas ! L’on nous a déjà supprimé les autos spéciales des courriers de France qui ont, actuellement, à attendre, à Tananarive, le départ régulier d’une auto pour nous être envoyés !! N’y aurait-il pas moyen de porter remède à cet état de choses ?
3° L’administration a fait empierrer toutes les routes d’Antsirabe se trouvant dans le quartier habité par les indigènes. Tout cet empierrement a été fait avec de la main-d’œuvre pénale.
Or, actuellement, il existe encore quelques routes d’Antsirabe même, entre autres une partant du carrefour de la Résidence, et l’autre du carrefour près de la maison du Chef de District, et se rendant toutes les deux vers le chemin conduisant aux bains d’Antsirabe, qui ne sont pas empierrées. Ces routes sont pourtant très fréquentées et il y a même beaucoup d’Européens qui doivent s’en servir pour aller chez eux. Aucune n’est empierrée pendant que toutes celles du quartier indigène le sont ; et c’est à peine si l’on peut circuler avec l’eau et la boue qui y existent pendant cette saison.
Cependant, l’on a commencé à empierrer une route qui, elle, est tout à fait en dehors de la ville et ne sert qu’aux indigènes qui se rendent au marché de Sabotsy venant du nord.
Nous approuvons tout ce qui augmente le confort indigène et facilite les transactions ; mais encore ne faudrait-il pas que l’élément européen en fasse les frais.
Un colon.
Le Progrès de Madagascar

Extrait de Madagascar il y a 100 ans. Janvier 1913.
L'ouvrage est disponible :
en version papier (123 pages, 10 € + frais de port)
en version epub (4,99 €).

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