16 janvier 2013

Il y a 100 ans : Hôtel des Postes et Télégraphes à Tamatave


À maintes reprises, la presse a formulé des critiques soit sur l’immeuble occupé par les Postes et télégraphes, soit sur le service lui-même.
Durant son court passage à Tamatave, le chef de la colonie, justement préoccupé de ces critiques, et mettant en pratique l’axiome qui veut que pour être bien servi il faut se servir soi-même, s’est rendu en personne à l’Hôtel des Postes et télégraphes, sans que personne fût avisé de ses intentions, et y a procédé lui-même à son enquête.
C’est vraiment la seule manière, pour un chef de Colonie, de savoir réellement la vérité, et plût au ciel que cette manière put être toujours utilisée. Elle éviterait bien des erreurs, et réparerait bien des injustices.
Hôtel des Postes et télégraphes ! N’est-ce pas, cher lecteur, que ce mot pompeux : Hôtel, suggère à votre esprit l’idée de quelque chose d’esthétique, de gracieux, de confortable ? De quelle ironie n’est-il pas ici ?… Un Hôtel ? cette construction grossière, lourde, inesthétique, incommode, dans laquelle les travaux Publics et les constructeurs ont fait assaut d’incapacité de malfaçon et surtout de je m’enf… ichisme ! songez donc ! C’est la colonie qui payait ; on n’avait pas à se gêner !
Puis ils étaient au-dessus des lois et des règlements, au point qu’ils ne se sont pas seulement donné la peine de mettre leur construction en alignement sur la rue. Ah ! si un particulier avait commis pareille erreur ! Comme on se fut empressé de lui faire démolir son immeuble !
Mais ce sont surtout les locaux réservés aux colis postaux qui méritent d’être particulièrement signalés.
Un premier local a été construit sur la rue Blévec, il y a déjà quelques années, d’après un plan qu’on nous dit être venu directement du ministère. Il mesure 10 mètres sur huit et affecte la forme d’un tombeau romain, moins le style et les ornements.
Une porte étroite, dans un coin donnant sur la rue, permet au public l’accès d’un vestibule muni d’un guichet, dans lequel trois personnes peuvent presque contenir à l’aise.
Si les clients sont nombreux, ils ont toute la rue pour attendre leur tour.
Une autre porte ouvrant du côté de la Poste, permet l’entrée des colis et des employés. C’est tout comme ouverture !
Pas une fenêtre !! Par suite pas de lumière ! pas d’air respirable ! C’était bien un tombeau.
Pour vérifier les colis et passer leurs écritures, les employés n’avaient d’autre lumière que celle, assez diffuse, qui arrivait par les portes.
Il faut venir à Tamatave pour voir pareille chose. C’est vraiment le pays des aberrations.
Toutefois, à force de plaintes et de réclamations, les malheureux employés finirent par obtenir l’ouverture d’une fenêtre dans l’autre coin donnant sur la rue.
Encouragés par ce succès ils continuèrent leurs réclamations, et aujourd’hui ce local est pourvu de trois fenêtres, qui ne sont pas de trop pour éclairer une salle de 80 mètres carrés.
Mais à peine construit, ce local fut reconnu tout à fait insuffisant.
Il ne faut pas oublier que le bureau de Poste de Tamatave centralise tout le mouvement de colis et de valeurs, provenant ou à destination de toute la côte Est, y compris le plateau central, c’est-à-dire, de Fort-Dauphin, Fianarantsoa, Tananarive, à Maroantsetra, le mouvement des valeurs atteint une moyenne de 500 000 fr. par mois, à lui seul.
Alors on construisit, ou on utilisa, un autre local, situé dans la cour, presque double du précédent, mais simplement couvert et bordé en tôles de fer galvanisé. Il est pourvu également de deux portes assez étroites et de deux ou trois lucarnes tout à fait insuffisantes.
C’est dans ce local qu’à l’arrivée du courrier sont entassés, pour le tri, les centaines de sacs renfermant les colis.
On devine ce qui arrive.
Le soleil des tropiques, surchauffant les têtes, donne une idée, dans ce local, de ce qu’étaient les plombs de Venise. Étant donné l’état hygrométrique de l’air, ce local est transformé en véritable étuve dont la température varie entre 35 à 40 degrés.
(À suivre)
Le Tamatave

Extrait de Madagascar il y a 100 ans. Janvier 1913.
L'ouvrage est disponible :
en version papier (123 pages, 10 € + frais de port)
en version epub (4,99 €).

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