Nous recevons du vénérable vicaire apostolique de Madagascar
nord et nous nous empressons de publier la lettre suivante qui nous apporte de
navrants détails sur les désastres accumulés par un cyclone. Daigne la charité
de nos lecteurs venir promptement en aide à cette mission si éprouvée.
Lettre de
Mgr Corbet, de la Congrégation du Saint-Esprit, vicaire apostolique de
Madagascar nord.
Un épouvantable cyclone s’est abattu sur Diégo-Suarez, le 24
novembre dernier.
Impossible de se faire une idée des mortelles angoisses par
lesquelles nous avons passé pendant cette journée et la nuit suivante… Notre maison
d’habitation, construite en pierres pourtant, semblait remuer comme un navire !
Une partie de la toiture fut découverte et tout fut inondé dans
l’intérieur ; il ne restait plus qu’une chambre isolée un peu habitable. À
la cathédrale, la grande porte qui donne à l’ouest et qui faisait face à
l’ouragan, fut enfoncée, et l’eau entra par torrents, avant qu’on pût, au prix
d’efforts inouïs, tout barricader.
La cathédrale et notre maison de Communauté ont donc
beaucoup souffert ; mais elles sont restées debout. Malheureusement, les
autres constructions de la mission sont presque toutes détruites. Celles qui ne
sont pas renversées : l’école, l’orphelinat, la menuiserie, la cuisine, le
magasin, la salle de bain et la case des domestiques sont terriblement ébranlés.
Chez les Sœurs, les dégâts sont affreux. La toiture du
dortoir et de l’école ont été complètement enlevées et ces deux maisons sont
devenues des lacs.
Le même désastre s’est étendu à toute la ville ! Les
casernes sont en partie renversées, le bureau de l’État-major, les magasins de
l’Intendance sont fortement endommagés et ont des dégâts énormes. Trois
torpilleurs ont été coulés. La Résidence de l’Administrateur en chef, le
Tribunal, les hôtels, parmi lesquels un hôtel neuf qui a coûté 2 millions,
les magasins du Commerce, tout est ébranlé, et partout ce sont des pertes
irréparables. Mais les plus malheureux, sans contredit, ce sont les pauvres si
nombreux dans la ville ; presque toutes leurs cases sont détruites. À la
première enquête, on a évalué à 6 000 le nombre des créoles et des
Malgaches sans abri, et, dès maintenant, on estime à 12 millions environ
les dégâts et les pertes. Voilà pour la ville.
La campagne et toute la province de Diégo-Suarez n’ont pas
été mieux traitées. Nous y avons six postes : Aramakia, Mahagaga,
Sakarami, Arkorika, Cap Diégo et la montagne d’Ambre. Les chapelles établies
dans les quatre premiers ont été renversées, les deux autres sont fortement
endommagées.
Avec mes maigres ressources je suis incapable absolument de
parer aux nécessités les plus urgentes. Dans ma longue existence, je n’ai
jamais rencontré pareille épreuve ! La Colonie promet bien de venir en
aide aux nécessiteux ; mais ces secours seront certainement très
insuffisants pour nos misères actuelles.
Les Missions catholiques
L'ouvrage est disponible en version papier (123 pages, 10 € + frais de port) ou en version epub (4,99 €).
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