Le Journal Officiel
est toujours intéressant à lire, mais celui du 28 décembre dernier l’est
spécialement pour nous, en raison des avis d’adjudication de divers travaux à
exécuter à Tamatave ou ses environs, et dont le montant s’élève à près de
130 000 fr.
C’est pour le coup que certain collaborateur de la Tribune va dénoncer Tamatave comme étant
l’enfant gâté de la Colonie. 130 000 fr. de travaux ! y
pensez-vous ? Il y a beau temps que les entrepreneurs de Tamatave ne s’étaient
pas vu autant de pain sur la planche !
Mais au fait ! Est-ce qu’il y a des entrepreneurs à
Tamatave ?
En relisant le Journal
Officiel, on est tenté de croire qu’il n’y en a pas ; ou s’il y en a,
ils doivent être si peu nombreux et de si peu de valeur que les Travaux Publics
les ont considérés comme quantité négligeable.
La preuve. Pour les travaux à exécuter dans tous les autres
centres de l’île, à Tananarive comme à Majunga, à Fort-Dauphin comme à Antsirane,
ou à Tuléar, etc., l’adjudication a lieu dans le centre même de l’adjudication
de ces travaux.
Tandis que pour tous les travaux sans exception à exécuter à
Tamatave, l’adjudication a lieu, simultanément, à Tamatave et à Tananarive.
Pourquoi cette exception qui, à y bien regarder, représente
une criante injustice ? Les entrepreneurs de Tamatave sont-ils moins
nombreux ou connaissent-ils moins bien leur métier que leurs confrères de
Majunga, de Fort-Dauphin ou d’ailleurs ?
Mais si je sais compter, ils sont une dizaine au moins et
ils ont tous fait leurs preuves dans des travaux sérieux, de grande importance,
étant d’ailleurs depuis longtemps dans la colonie, tels que Poggioli, Niveau,
Burgal, Langelier, Valet, Charles, Chabas, Valéry, Eline, Lacmal et autres.
D’un autre côté je me suis laissé dire que la patente payée
par un entrepreneur n’est valable que pour la Province dans laquelle elle a été
prise, à moins qu’il ne se paie le luxe d’une patente pour l’île entière.
Puisque les entrepreneurs de Tananarive sont appelés, dans
la capitale même, à soumissionner pour des travaux à exécuter à Tamatave, la
Direction des Travaux Publics pourrait-elle nous dire si ces entrepreneurs sont
munis d’une patente spéciale pour Tamatave ; ou bien, s’ils sont pourvus
d’une patente pour l’île entière, pourquoi ne les appelle-t-on pas dans la même
forme pour les travaux à exécuter dans les autres provinces ?
Pourquoi ? oui ! Pourquoi ?
Ah ! Messieurs les entrepreneurs de Travaux Publics de
Tamatave, je soupçonne fort que vous n’avez pas eu les reins assez souples,
peut-être même que vous n’avez pas su… graisser suffisamment les rouages, que
dans tous les cas et d’une façon quelconque, vous n’avez pas eu l’heur de
plaire à sacrée administr… pardon ! à cette administration sacrée,
voulais-je dire, et elle vous le fait sentir. C’est bien fait pour vous !
Apprenez donc à courber le dos servilement et… à mettre de
l’huile dans les machines… Peut-être alors rentrerez-vous en grâce auprès de
cette sacr… pardon encore ! cette administration sacrée !
Si pourtant Monsieur le gouverneur général venait à être
avisé de cette… anomalie et à s’en rendre compte…
… Peut-être bien, cela pourrait changer.
Un entrepreneur.
Le Tamatave
L'ouvrage est disponible en version papier (123 pages, 10 € + frais de port) ou en version epub (4,99 €).
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