Notre confrère le Progrès
annonce sans gaieté que l’Hôpital militaire d’Isoavinandriana, dont on avait
annoncé la suppression, restera et continuera (si l’on peut dire !) à fonctionner
« provisoirement ».
C’est, assure-t-il, la preuve que l’Administration a l’âme
bien dure, puisqu’elle n’hésite pas à ajouter aux souffrances des malades
civils et militaires, la torture et l’horreur d’habiter encore dans ces honteux
bâtiments qui étaient déjà insalubres il y a quinze années.
On se demande à bon droit comment nos médecins peuvent
encore supporter d’exercer dans ces vieilleries, privés de tout le confort moderne.
Cet hôpital est la honte de Madagascar, et surtout de Tananarive, la Ville
lumière. À quoi bon tant de luxe d’un côté, s’il y a tant de misères de
l’autre ?
On a renoncé définitivement à la construction d’un hôpital
sur l’emplacement de l’ancien palais du Premier Ministre. Peut-être
d’excellentes raisons ont-elles pu être invoquées à ce propos. Mais
qu’importe ! si on ne construit pas là, que l’on construise ailleurs, mais
qu’enfin on construise, et un hôtel qui ne ressemble pas à une morgue ou à tout
ce qu’on voudra, sauf à un hôpital.
L’état de choses actuel est un véritable scandale, que rien
ne saurait expliquer sous le règne de M. Picquié, car chacun sait que cet
homme de bien (qui affirme à tout venant l’excellence de sa santé et qui
prolonge d’autorité son séjour dans la colonie où il se porte comme un charme,
grâce à la juvénile robustesse de sa constitution !), chacun sait,
disions-nous, qu’il soigne sa précieuse – et valide ! – personne par de
fréquentes cures à Antsirabe, où rien du confort moderne ne lui manque.
Que le bien portant M. Picquié ait donc pitié
(aïe !…) des autres, des vrais malades !…
Les Annales coloniales
Extrait de Madagascar il y a 100 ans. Janvier 1913.
L'ouvrage est disponible :
en version papier (123 pages, 10 € + frais de port)
en version epub (4,99 €).
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