On nous écrit :
Tananarive, le 20 janvier 1913.
Monsieur le Rédacteur en chef,
Les promotions dans les Services locaux de la Colonie qui
viennent d’être faites à l’occasion du premier janvier doivent rappeler aux
élus de promotion de juillet dernier la mesure inique et préjudiciable dont ils
ont été victimes de la part du Gouverneur Général actuel.
On se souvient que le Gouverneur Picquié était présent à
Tananarive le premier juillet dernier et pouvait par conséquent faire les
nominations à cette date. Il s’en garda bien et ce ne fut que le dix seulement que les promotions
sortaient des cartons ; des ordres avaient été donnés de les y conserver
jusqu’à cette date. Quels pouvaient donc être les motifs de ce retard ???
Parce que tout simplement deux jeunes commis de 3e classe des
Services civils à Tananarive ne réunissaient l’ancienneté pour être promus que
le dix juillet !!! Pour être
agréable à deux enfants de la maison
il fallait sacrifier l’intérêt de 103
(je dis bien cent trois) agents méritants !!!
Le Gouverneur Général pouvait faire remonter l’ancienneté de
ceux-ci au premier juillet sans qu’il en
coûte un centime de plus au Budget local, il n’a pas voulu le faire,
pourquoi ?? C’est qu’alors les deux personnages importants qu’on voulait
avantager auraient été primés pour la prochaine fois !! Remarquez
d’ailleurs que les dernières promotions ont été faites à la date du
16 janvier pour compter du premier
dudit, ce qui prouve qu’on aurait pu faire de même en juillet, mais, encore une
fois, il fallait… protéger les… faibles !
Le préjudice causé à de nombreux agents est très sensible
car beaucoup d’entr’eux pouvaient être proposés pour un nouvel avancement en
janvier 1914 et figurer au tableau d’avancement ad hoc tandis qu’après cette injustice, ils ne le peuvent plus et
sont obligés d’attendre au premier janvier 1915 au minimum avant de
pouvoir prétendre à un avancement, c’est-à-dire un an plus tard.
Il me semble que lorsqu’on est si susceptible et que l’on ne
veut pas être critiqué on ne se permet pas de semblables actes de bas
favoritisme. – C’est mesquin et indigne du représentant d’un Gouvernement dit
de Justice et d’Égalité…
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Rédacteur en chef, l’assurance
de mes sentiments dévoués.
Un adjoint des Services Civils.
Le Progrès de Madagascar
Extrait de Madagascar il y a 100 ans. Janvier 1913.
L'ouvrage est disponible :
en version papier (123 pages, 10 € + frais de port)
en version epub (4,99 €).
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