13 janvier 2013

Il y a 100 ans : L'avenir de Madagascar


En mettant sous les yeux de nos lecteurs l’article du Petit Marseillais énumérant les ressources de notre grande île qui font augurer pour elle un brillant avenir, nous ajoutions que Madagascar possédait bien d’autres richesses, encore peu connues, et par suite non encore mises en valeur.
Ce qui nous permet d’affirmer que dans un avenir, qui n’est peut-être pas éloigné, ce pays pourra, non seulement se suffire à lui-même, mais encore exporter des produits variés en quantités considérables, et même devenir un pays industriel, comptant parmi les plus importants du globe.
Parmi les nombreuses industries auxquelles se prête notre colonie en raison des éléments qu’elle possède pour leur développement, nous en citerons une qui préoccupe à juste titre les industriels du monde entier, et tout particulièrement ceux de France. Aucun pays au monde ne s’y prête mieux que Madagascar.
C’est l’utilisation des plantes textiles et la fabrication de la pâte â papier.
Tout le monde sait que Madagascar produit, notamment sur la côte Est, des plantes en quantités très variées, dont la fibre peut être utilisée comme textile, et les résidus comme matière première, de qualité hors ligne, pour la fabrication du papier.
Peu de temps après la conquête, M. Doumergue, étant ministre des Colonies, voulut se rendre compte des richesses naturelles de Madagascar que pourrait utiliser la mère-patrie.
À cet effet, il nomma une commission composée d’hommes d’une science et d’une compétence universellement connues. Pour s’en convaincre il suffira de rappeler le nom des deux ingénieurs qui en faisaient partie et qui sont : M. Achille Bergès de Grenoble et M. Thury, le grand électricien de Genève.
Cette commission parcourut consciencieusement Madagascar, et du rapport rédigé par M. Achille Bergès, il résulte que cette colonie produit, – en quantités inépuisables, – des plantes textiles pouvant donner des fibres de qualité supérieure à celles que l’on va chercher dans l’Inde ou autres pays.
Ce rapport, dont nous avons eu la copie sous les yeux au gouvernement général à Tananarive, parvint au Ministère des Colonies, alors que M. Doumergue ne s’y trouvait plus.
Il doit être enfoui au fond de quelque carton, et jamais, que nous sachions, il n’a été communiqué ni aux commerçants, ni aux industriels, ni même à la presse.
Mais si le rapport a disparu, les plantes textiles dont il a constaté l’existence sont toujours là, plus vivaces que jamais.
En effet, ces plantes – dont nous donnerons plus loin le nom de quelques-unes, – poussent en quantité inépuisable, notamment sur toute la côte Est, jusqu’à près de 800 mètres d’altitude, et quelques-unes jusque sur les hauts plateaux. Non seulement elles poussent spontanément sans exiger ni soins, ni culture, mais encore elles croissent dans des terrains qui ne pourront jamais produire autre chose, de par leur nature même, et plus on les coupe mieux elles repoussent.
Il serait oiseux d’insister sur cet avantage inappréciable que ne présente la culture d’aucun autre genre de textiles préconisés, tels que le coton, la ramie, etc.
En un mot, la matière première est gratuite, bien qu’étant de supérieure qualité.
Or il y a beau temps que l’industrie française pouvant les utiliser, ne trouve plus, dans la France même, de matières premières suffisantes à son alimentation, d’autant plus qu’à mesure que l’industrie se développe, les matières premières diminuent.
Pour ce motif, elle est tributaire des pays étrangers qu’elle enrichit de son or, alors que les colonies, – tout au moins Madagascar, – pourraient l’en pourvoir abondamment tout en détournant à leur profit ce courant d’or, dont elle paie le tribut aux autres pays.
Mettre en valeur et exploiter ces richesses naturelles serait donc faire œuvre éminemment patriotique, en même temps que ce serait une spéculation fructueuse au point de vue industriel et commercial.
Déjà quelques industriels métropolitains ont eu leur attention éveillée par cette situation.
Le Tamatave est en mesure de leur fournir tous renseignements utiles et se tient à leur entière disposition pour cela.
Quelques colons, se rendant compte des bénéfices que pourrait donner l’exploitation de ces plantes textiles, ont essayé cette opération en utilisant exclusivement la main-d’œuvre et les méthodes indigènes. Mais celles-ci sont trop primitives, et la main-d’œuvre indigène trop lente et trop inconstante, pour que l’opération put être traitée sur une échelle suffisamment vaste, permettant de sérieux bénéfices.
C’est mécaniquement et par les procédés modernes et perfectionnés qu’il faut opérer.
(À suivre.)
Le Tamatave

Extrait de Madagascar il y a 100 ans. Janvier 1913.
L'ouvrage est disponible :
en version papier (123 pages, 10 € + frais de port)
en version epub (4,99 €).

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